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اطلس نيوز
N° 71, Mai 2024 /// ISSN 2110-5464
François Hollande est de retour en Algérie, un peu plus de deux ans après sa visite d’État de décembre 2012. Le président de la République effectue une courte « visite de travail » de huit heures aujourd’hui à Alger. Selon son entourage, François Hollande répond ainsi à une invitation du président Abdelaziz Bouteflika.
Après une période de brouille sous Nicolas Sarkozy, la France et l’Algérie ont ouvert un nouveau chapitre dans leurs relations depuis le début du mandat de François Hollande. En décembre 2012, le président français avait été reçu avec les honneurs et les deux chefs d’État avaient souhaité « un partenariat d’exception » entre la France et l’Algérie.
Un président affaibli
À l’Elysée, on insiste sur l’importance de cette deuxième visite officielle, malgré sa brièveté. « La relation entre la France et l’Algérie n’a jamais été aussi sereine et confiante » , indique-t-on dans l’entourage du chef de l’État. François Hollande s’entretiendra avec le Premier ministre algérien, Abdelmalik Sellal, puis avec le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, dans sa résidence médicalisée. Le président algérien qui a été réélu en 2014 est très affaibli depuis son AVC en 2013.
« Il y a une forme de vacance du pouvoir. Le président malade ne peut pas assumer ses fonctions » , commente Slimane Agoudjil, un des représentants en France d’Ali Benflis, l’ancien premier ministre algérien, candidat malheureux à l’élection présidentielle d’avril 2014. « Dans les coulisses, c’est Saïd, le frère de Bouteflika, qui gouverne. Tous les pays voisins avancent mais l’Algérie recule » , regrette-t-il.
Pour ce soutien au principal opposant algérien, la visite de François Hollande n’est peut-être pas tout à fait un hasard en pleine spéculation sur la succession du président Bouteflika. « Il y a une continuité du système qui se prépare. La France a des intérêts économiques et sécuritaires en Algérie » , estime Slimane Agoudjil.
Une usine Renault
La lune de miel entre Paris et Alger a permis de multiplier les contrats, au moment où l’Algérie voit sa rente pétrolière diminuer à cause de la chute du cours du baril. Renault a inauguré une usine à Oran en novembre dernier, et Alstom va installer une usine d’assemblage de tramways à Annaba.
François Hollande et ses hôtes algériens parleront aussi de la lutte contre le terrorisme, du Mali et du chaos en Libye. Autant de dossiers pour lesquels la France a besoin du soutien de l’Algérie. Le président français devrait également aborder une question épineuse entre les deux pays, celle de l’assassinat des moines de Tibéhirine. L’enquête en France n’avance pas à cause d’une évidente mauvaise volonté de l’Algérie. « La France veut que la justice puisse faire son travail. La vérité serait au bénéfice de tous » , indique-t-on à l’Élysée.
François Hollande aura deux entretiens, l’un avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal, et le second avec le président Bouteflika. Ce dernier entretien ne sera vraisemblablement pas un tête-à-tête. Si cette deuxième visite du quinquennat de François Hollande, qualifiée, de source autorisée française, de «visite de travail», sera brève – arrivée à 13h50, retour estimé à 22h – elle n’en est pas moins importante, estime-t-on de même source et «significative».
Une visite destinée essentiellement à renforcer le dialogue politique bilatéral sur les questions régionales, le partenariat économique étant qualifié de part et d’autre d’«excellent». Le seul ministre qui accompagnera François Hollande est celui des Affaires étrangères, Laurent Fabius, quelques parlementaires et quelques invités du président Hollande. Pas un seul homme d’affaires, croyons-nous savoir, ne sera du voyage. Toutefois, le partenaire français est attentif au secteur du pétrole et du gaz, plus particulièrement par l’impact à long terme de la baisse des cours du pétrole.
Total a manifesté son intérêt pour le développement de sources d’énergie de substitution, dont le gaz de schiste. Au plan économique, encore, avec le développement de grands projets, la France est aussi intéressée par les marchés maghrébin et subsaharien. Le premier objectif de cette visite est de prendre acte et d’évaluer les mesures et projets entrepris depuis la Déclaration d’Alger de décembre 2012, qui a posé les instruments à même de renforcer la coopération bilatérale.
Ces instruments ont permis de relancer, voire de résoudre des dossiers contentieux en suspens depuis plusieurs années relevant du domaine consulaire, notamment, indique-t-on à Paris, où on ne manque pas de souligner que depuis l’arrivée du président Hollande à l’Elysée, l’Etat français s’attache à construire avec l’Algérie une relation «confiante», «d’égal à égal», de «long terme» et qui, du reste, n’a jamais été «aussi sereine».
C’est sur la base de cette «confiance rétablie» que Paris escompte un partenariat plus poussé dans le domaine politique, diplomatique et stratégique avec l’Algérie. Voilà que l’on en vient au principal objectif de la visite de Hollande aujourd’hui, soit la perspective d’actions communes, concertées relatives aux problèmes régionaux, particulièrement en ce qui concerne la Libye, en étendant la coopération bilatérale menée au Mali à la Libye, sachant que l’Algérie est un partenaire régional incontournable et que la sécurité de la région concerne directement l’Algérie de par ses frontières communes avec des pays en conflit ou instables.
La formation d’un gouvernement d’union nationale en Libye, de manière à ramener la paix et la stabilité dans ce pays, sera un des principaux sujets qu’abordera le président Hollande avec les responsables algériens. La relance de la coopération en Méditerranée occidentale dans les domaines agricole, de la sécurité et aussi du dialogue politique sera un autre sujet important de discussion. Il est important que les deux pays puissent travailler ensemble de manière à pouvoir contribuer à la stabilité, au développement, aux échanges au Maghreb et en Méditerranée, laisse-t-on entendre à Paris.
La lutte contre le terrorisme sera, selon toute évidence, évoquée. La coopération sécuritaire entre les deux pays est jugée «opérationnelle». Sur la question du Sahara occidental qui ne manquera pas d’être abordée, Paris soutient que sa position est «équilibrée» et que la base de son action est la mise en œuvre des résolutions des Nations unies. Avec toutefois une préférence pour le plan d’autonomie soutenu par le Maroc. A souligner que le président François Hollande arrivera à Alger à 13h50. Il sera accueilli par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah.